Ma première dégustation de chai en Inde

Je me souviens encore de ce matin bruyant à Delhi. Le soleil venait à peine de s’élever, la ville bourdonnait déjà, et moi, j’essayais tant bien que mal de suivre le rythme. C’est là que j’ai croisé mon premier chaiwala, au coin d’une rue poussiéreuse. De sa petite échoppe s’élevait une odeur épicée, à la fois douce et piquante.

Curieux, je me suis arrêté. Il a plongé sa louche dans une grande casserole de métal, a versé le liquide fumant dans un minuscule gobelet en argile, puis me l’a tendu avec un sourire. J’ai payé quelques roupies et j’ai porté la tasse à mes lèvres. La première gorgée m’a surpris : c’était fort, sucré, brûlant, avec ce mélange d’épices que je n’avais jamais goûté auparavant. Pourtant, en un instant, j’ai compris que ce n’était pas seulement du thé.

Autour de moi, des passants s’arrêtaient quelques minutes, discutaient, riaient, buvaient leur chai avant de repartir. Personne ne semblait pressé. Ce petit moment, partagé avec des inconnus, me donnait la sensation de faire partie d’une communauté éphémère.

J’ai vite appris que le chai n’est pas juste une boisson en Inde : c’est un rituel. Dans les maisons, on vous propose un chai dès que vous franchissez le seuil. C’est un signe d’hospitalité, un geste qui dit « tu es le bienvenu ». Refuser, m’a-t-on expliqué plus tard, peut être mal perçu.

Chaque région a sa recette : plus épicé au nord, plus lacté à l’ouest, relevé au gingembre dans certaines familles… Le chai reflète à la fois l’unité et la diversité de l’Inde. Un fil commun qui relie des millions de personnes, mais jamais exactement le même goût.

Aujourd’hui encore, quand je retrouve l’odeur d’un chai, je pense à ce moment. Ce n’est pas seulement un souvenir gustatif : c’est une porte ouverte sur une culture où l’hospitalité et le partage sont au cœur de tout.

 


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